Les récits de vie et les portraits

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Les acteurs du projet

 

Les vies mouvementées de

Madeleine et d'Yvonne

Madeleine

Sa jeunesse perturbée par la guerre

Sa scolarité

Madeleine est née en 1926 et a passé toute son enfance en Normandie. Elle est entrée à la maternelle à 2 ans et a appris à compter avec des bouts de bois. Quand elle est rentrée au primaire, elle savait déjà lire. Puis, à 11 ans, elle a eu son certificat d'études. Madeleine est conviviale, dynamique et agréable.

Son adolescence pendant la guerre

Quand on l'interroge sur sa vie, elle évoque la seconde guerre mondiale. Lorsque la guerre a commencé, elle avait 13 ans. A 15 ans, elle vivait avec ses parents dans la zone occupée, alors que ses frères et sœurs étaient " cachés dans les campagnes ". Elle allait quand même les voir de temps en temps. Madeleine faisait alors des ménages car il n'y avait plus d'écoles. Un jour, lors d'un bombardement, elle fut blessée. Sa jambe fut brûlée et elle a encore des éclats d'obus incrustés dans le genou.

Le rationnement

Elle raconte aussi les privations dûes au rationnement. Les enfants avaient droit à trois cent grammes, les personnes âgées a deux cent grammes et pour le reste de la population, le ravitaillement était de cent grammes. Parfois, quand elle était dans la file d'attente, elle marquait au crayon sur les tickets : " Ne pas couper le ticket ". Alors, on le lui rendait avec la nourriture. Madeleine gommait la phrase et pouvait ainsi réutiliser le ticket. Lorsque les familles n'en avaient plus, elles en achetaient d'autres qui étaient vendus au marché noir. Sa mère travaillait en tant que cuisinière pour des allemands. Sa place lui permettait de voler des vivres. Elle les cachait sous son tablier et les donnait à sa fille en rentrant.

Le couvre feu

Outre le rationnement, les habitants de la zone occupée subissaient des règles établies par les Allemands : un couvre feu empêchait les gens de sortir après 10 heures du soir. Quelquefois, les hommes avaient le droit de sortir une semaine et les femmes seulement la semaine d'après.

Les contraintes de l'occupation

A la même époque, les gens du village de Madeleine ont recueilli, soigné et encadré un anglais blessé. Malgré tous les soins qu'on lui apporta, l'homme ne guérissait pas, il dut finalement se rendre aux Allemands. Un jour, beaucoup d'habitants du village décidèrent de fuir vers la zone libre. Madeleine conseilla à ses parents de rester chez eux et ils l'écoutèrent. Ce jour là, de nombreux fuyards furent arrêtés et fusillés, quelques jours avant la libération. Madeleine avait peur des Allemands. Elle nous dit qu'ils étaient corrects, contrairement aux Américains. Pourtant quand les Allemands distribuaient des bonbons, personne ne les mangeait de peur d'être empoisonné.

Sa vie en fin de guerre

En 1944, à la fin de la Guerre, Madeleine travailla pour la Croix Rouge américaine, où elle vendait des gâteaux. Plus tard ayant fait des études de dactylo - comptabilité, elle trouva une place au tribunal des commerces.

Sa vie maritale

Deux ans après son mariage en 1950, elle s'installa à St Orens où elle réside encore aujourd'hui. Elle n'eut jamais d'enfant. Aujourd'hui, elle peut apprécier les progrès techniques qui ont été faits depuis son enfance. Etant enfant, elle n'avait pas le transistor mais possédait un phonographe. Elle a acheté un transistor dès ses premiers revenus. En ce qui concerne le télévision et le téléphone, elle les a possédés une fois mariée.

Aujourd'hui à St Orens

Elle apprécie aussi le service social de St Orens qui lui permet d'aller chez le médecin et de faire des activités. Elle ne pourrait pas faire cela sans ce service car elle est cardiaque et n'a pas son permis de conduire. Avec l'accroissement de la délinquance, Madeleine, qui vit seule, s'enferme chez elle. Elle regarde la télévision, écoute " France Bleu " à la radio et cuisine beaucoup. Elle aime avoir des contacts vivants et humains.

Yvonne

Au temps de la Guerre

Yvonne est un peu moins vivante et conviviale que Madeleine mais elle reste agréable. Elle est née en 1918 en Normandie. Elle nous a raconté quelques événements qui l'ont marquée pendant sa jeunesse. En effet, la guerre a été l'événement le plus marquant de toute sa vie. Yvonne était dans les territoires occupés où tout était grillagé. Elle a vu un homme coupé en deux et d'autres atrocités comme lorsque sa belle sœur a été tuée par son neveu pour de l'argent. Hormis la presse, elle n'avait aucun moyen de communication. Par ailleurs, elle eut le téléphone, il y a environ cinq ans. Contrairement à Madeleine, Yvonne n'a pas toujours trouvé les Allemands très corrects, elle nous a dit : " Un jour où je me promenais en vélo, un Allemand est venu à côté de moi et commençait à me toucher les cuisses. J'ai réussi à le faire tomber en le poussant avec mon pied. Par la suite, je suis très vite rentrée chez moi ".

Sa vie de famille

A la fin de la guerre, Yvonne se maria. Peu de temps après, elle s'installa à St Orens, avec ses enfants sur la demande de son petit fils handicapé qui décéda à 22 ans.

De nos jours

Aujourd'hui, elle vit encore à St Orens avec l'aide du service social de cette ville. Yvonne pratique des activités mais sa peur de l'insécurité est si forte qu'elle serait prête à voter pour que la peine de mort soit rétablie. Elle pense que de son temps, les sanctions étaient trop sévères mais qu'aujourd'hui, elles ne le sont pas assez.

Yvonne nous a fait part que de très peu d'instants de sa vie alors que Madeleine nous a donné plus de détails ce qui nous a permis de nous faire une idée de leurs caractères. Yvonne est timide et réservée alors que Madeleine est beaucoup plus conviviale et enjouée.